Ecrire « saison 2020 » est déjà un challenge en soit !
Heureusement le bateau a passé l’hiver à flot, nous l’avions mis à l’eau très tardivement l’année dernière après les travaux sur le cockpit. Sinon le confinement en mars aurait fortement compromis toute navigation.
Nous vivons à une petite heure de Locmiquelic où la Compagnie des ports du Morbihan nous accueille avec bienveillance, donc lorsque le premier confinement nous surprend en Mars, nous réalisons qu’il va être difficile s’occuper du bateau de profiter. Heureusement en tant que professionnel du nautisme je peux facilement justifier d’un déplacement sur le port, mais plus difficilement sortir en mer.
Au début du confinement, je vais donc doubler les amarres, contrôler les pompes et batteries, avant de rapporter à la maison tout ce sur quoi je peux bricoler : les bancs du cockpit à terminer, les panneaux, capots et autres planchers qui ne manquerons pas au bateau, mais que je pourrais avancer en ponçage, peinture et vernis, ainsi qu’une partie du gréement courant à mateloter.
J’espère ainsi ne pas prendre de retard pour l’ouverture de la saison après ce confinement dont nous n’avons pas la moindre idée ni de la durée, ni de l’ampleur à ce moment là.
Finalement mon confinement professionnel ne durera que quelques jours et je me retrouve rapidement à travailler semaines et WE pour préserver notre petite entreprise bien secouée faute d’un vrai démarrage de saison.
En dehors de quelques trop rares sorties après ce premier confinement, le travail restera la priorité cette année, mais nous visons l’été où traditionnellement nous avons moins de travail pour enfin profiter du bateau en croisière, avec son nouveau cockpit, sa nouvelle GV et même la sellerie intérieure que nous avons refaite à la maison pendant le confinement.
Ma femme, Müge, travaillera toute la saison dans la restauration et ne profitera pas du tout du bateau, quant à moi j’espère pouvoir participer à la Noirmoutier Classic 2020 et y dégourdir la quille de Saint Gwenaël avec un équipage de choc composé de mon frère Antoine qui ne pourra pas naviguer sur son Saint Coulomb en travaux cette année et Martin, amis et salarié.
Nos activités professionnelles en décideront autrement, encore une fois, rien ne se passe en 2020 comme anticipé et nous devrons annuler cette régate tant attendue et repousser nos vacances de quelques jours pour finir un chantier compliqué.
Qu’importe, nous partirons quelques jours plus tard tous les trois en croisière, sans plan ni route, uniquement l’avitaillement pour une semaine et l’envie de naviguer.
Après une matinée de préparation et rangement du bateau, nous quittons le port de Locmiquelic et la rade de Lorient pour aller renifler le vent devant Groix.
Petit Nord-Ouest de moins de 8-10 nœuds, nous décidons donc de privilégier le vent apparent et remonter au près vers le nord.
Saint Gwenaël glisse et remonte avec toute la qualité de cap que l’on apprécie sur ces bateaux, magnifiquement propulsé par la grand-voile neuve et le grand génois. Une fois lancé, aucun bateau moderne de taille similaire ne peut espérer nous prendre en cap et vitesse !
Au soir nous décidons d’aller mouiller à Port Manec’h où l’on trouvera une bouée visiteur juste à temps pour l’apéritif… Et pour se rendre compte que la pompe à pied de l’annexe n’est pas dans le sac de ladite annexe !
Notre croisière sera donc placée sous le signe de l’entraide et nous devrons chaque soir trouver une annexe-stop pour nous rendre à terre et revenir au bateau autrement qu’à la nage.
Je vous recommande cet oubli, il permet des rencontres et développe l’imagination des équipiers motivés pour aller à terre ! Une des meilleurs solutions éprouvées restera le pot de vin aux enfants du bateau voisin…
Après le charmant mouillage de Port Manec’h où nous avons retrouvé des copains pour la soirée, nous retournons au sud vers Groix, puis Belle-île où nous décidons entre-autre de passer l’écluse du Palais, ce qui nous vaudra quelques longues minutes de manœuvre dans l’avant-port en attendant que les bateaux précédents rentrent et s’amarrent. Le Cornu, en plus de sa quille longue, à la particularité d’avoir un arbre d’hélice qui n’est pas dans l’axe de la carène. S’ajoutant au pas de l’hélice, cette particularité fait que le bateau n’avance droit ni en marche avant, ni en marche arrière, ne tourne que dans un sens et ne peut pas s’arrêter sur place.
Idéal au pied de la citadelle Vauban et pour rentrer dans un port à écluse bondé. Le personnel du port est là pour aider et le capital sympathie du bateau fait le reste, tout le monde aide et on s’en tire encore une fois sans accrocs.
Le bilan de cette petite croisière confirme les choix faits pour le nouveau cockpit qui est très agréable, le double palan de grand-voile est parfait pour la tension de chute et dégage beaucoup le cockpit. Les problèmes électriques rencontrés en 2019 semblent aussi réglés ; globalement le bateau est en parfaite conditions.
Nous aurions bien voulu en profiter plus cette année, mais l’entreprise souffre du Covid et requière notre présence. Nous avions prévu une croisière à l’automne avec ma femme, mais le second confinement en aura raison, il faut se résoudre à penser à l’hivernage maintenant…
Espérons que 2021 sera plus propice à la navigation, nous avons envie de partager plus et de confronter le bateau à ces pairs maintenant qu’il est propre !
Nicolas Charmet